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Romain Bigot : « Nous souhaitons reprendre la main sur les bateaux qui sortent »

Le départ de la Mini Fastnet a été lancé hier de Douarnenez. En raison de la météo, les 170 marins engagés n’enrouleront pas le phare irlandais mais vont naviguer dans le Golfe de Gascogne. En dehors de cette entorse aux traditions, la classe Mini séduit toujours autant. Dans un souci environnemental, l’association a décidé de contrôler la production de bateaux neufs. Romain Bigot, son président explique la démarche.

Lors de la dernière Assemblé Générale, vous avez décidé de limiter le nombre de bateaux neufs. C’est un virage pour la classe ?

Nous avons mis en place une règle de décroissance sur quatre ans. Elle vise à plafonner le nombre de bateaux neufs et à le diminuer progressivement. Cette année, nous limitons le nombre de bateaux neufs à 25 unités, cela correspond à ce qui est fabriqué chaque année, cela ne va donc pas changer la vie des chantiers. Ensuite, nous diminuons de 20% chaque année jusqu’à 2027. C’est-à-dire qu’il y a d’abord un plafonnement avant d’amorcer une réduction. C’est un virage dans le sens où nous mettons pour la première fois une limite mais ce virage va être très progressif.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à prendre cette décision ?

Nous avons pris cette décision car tous les deux ans, cinquante nouveaux bateaux de série sont mis à l’eau, c’est-à-dire que l’on renouvelle intégralement la flotte qui participe à la Mini Transat tous les deux ans. Nous n’avons pas regardé pour les autres classes mais cela nous parait beaucoup. Nous avons voté dans les statuts que nous nous engagions à avoir une pratique plus respectueuse de l’environnement et une diminution de la production de CO2. Cela rentre dans cette politique.

 

Cela va vers une évolution de la jauge ?

Nous allons établir une nouvelle jauge pour les bateaux de série en 2027. Je ne sais évidemment pas ce qu’il y aura dedans mais l’idée générale est d’avoir des bateaux plus robustes et qui émettent moins de CO2. On voit que les bateaux récents sont souvent moins solides que les vieux et il faut stopper ça. Nous souhaitons reprendre la main sur les bateaux qui sortent.

 

Est-ce qu’il y aura aussi un impact sur les prototypes ?

Nous restons attachés au principe des deux flottes et les protos permettront toujours aux marins les plus pointus de faire du développement.

 

Comment ces décisions ont-elles été reçues par les marins ?

Ces décisions ont été très largement adoptées par nos adhérents mais cela n’implique pas que nous. Nous avons également consulté les architectes et les chantiers pour avoir leur point de vue et le constat est partagé.

 

Y a-t-il un risque de hausse des prix ?

Les prix des bateaux commencent à diminuer. Il y a eu un pic il y a deux ans mais ça se calme. Aujourd’hui, il y a 60 bateaux à vendre sur le site de la classe, on n’est pas encore dans la pénurie. Il y a énormément de bateaux sur les terre-pleins et cela leur donne une deuxième chance. Il existe même une course dédiée aux vieux bateaux qui part de Ouistreham. Nous souhaitons valoriser cette flotte.

 

La piste d’une Mini Transat « en boucle » a été évoquée …

Il y a des pistes de réflexion aujourd’hui sur le format de la Mini Transat mais c’est de la prospection à long terme. Nous avons plusieurs ateliers destinés à réfléchir sur l’avenir de la classe et c’est une proposition parmi d’autres. Nous avons été accompagnés par un cabinet afin d’évaluer notre bilan carbone sur deux ans et il apparait que la mobilité est le premier poste émetteur de CO2. Cela concerne les vols en avion mais aussi les déplacements des skippers pour rejoindre les départs de course. La Mini Transat est fortement émettrice de CO2, donc on sait qu’il faut travailler dessus mais la boucle n’est pas la seule solution. Ce sont des sujets sur lesquels nous avançons prudemment car il s’agit de décisions structurantes qui doivent être adoptées par tous.